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Evaluation et financement


On peut évaluer une entreprise en considérant la qualité de son fonds, de son bilan... mais aussi du côté du repreneur : pour qu’une entreprise puisse se vendre, il faut que celle-ci puisse permettre au repreneur de trouver un financement, et donc de rembourser un emprunt tout en conservant une rémunération suffisante.

Évaluer un fonds de commerce en fonction non plus de ses qualités intrinsèques mais de la possibilité financière pour un repreneur de financier cette acquisition est une autre solution pour évaluer son entreprise, et compléter les autres méthodes d’évaluation déjà proposées.

EBE et remboursement d’emprunt

La notion d’EBE a déjà été étudiée.

L’EBE doit permettre au repreneur d’une entreprise :
 de rembourser l’emprunt contracté pour financer cette reprise d’entreprise,
 de se rémunérer.

Ainsi, le vendeur d’une entreprise doit tenir compte de la possibilité pour un repreneur potentiel de couvrir l’emprunt nécessaire, et donc de la capacité d’endettement du repreneur. Proposer un commerce à la vente à un prix pour lequel une banque, qui base son analyse sur l’EBE de l’entreprise à reprendre, n’accordera jamais de financement, c’est inévitablement s’exposer à des délais de vente très longs (pour le dire autrement, étant donné que le repreneur qui dispose de fonds propres très importants n’existe généralement pas, c’est attendre le repreneur qui ne pourra pas vivre de son activité et que sa banque conduira rapidement au dépôt de bilan).

Variables d’emprunt

A partir de l’EBE, pour évaluer l’entreprise en tenant compte de la capacité du repreneur à rembourser son emprunt, il faut faire l’hypothèse de deux variables :

  • D’une part du pourcentage du prix de vente couvert par un prêt à la reprise d’entreprise. Généralement, on considère qu’un établissement financier exige un apport personnel s’élevant entre 25% et 40% du prix d’acquisition, soit environ un tiers en moyenne. Ainsi, l’emprunt accordé s’élève à 66,66% du prix de vente.
  • D’autre part de la rémunération attendue par l’entrepreneur. Cette rémunération doit être suffisante pour couvrir le train de vie de cet indépendant et de sa famille, ce que vérifiera évidemment l’établissement prêteur. Aussi, la rémunération minimum à prendre en compte dépend de la situation personnelle du repreneur (source de revenus du conjoint, autres revenus (fonciers par exemple), nombre d’enfants à charge...). Par exemple, considérons une rémunération de 1.800 euros par mois.

Évaluation d’une entreprise et financement repreneur

Pour exemple, choisissons une entreprise qui dégage un EBE annuel de 45.000 euros.

Cet EBE doit donc permettre de couvrir :

  • la rémunération de l’entrepreneur pour 1.800€ x 12 soit 21.600€,
  • les remboursements annuels de l’emprunt couvrant les deux tiers du montant de l’acquisition.

Par conséquent, de l’EBE, il reste 23.900 euros pour payer les mensualités d’emprunt.

On peut à partir de ces données effectuer des simulations d’emprunt. Mais approximativement, on utilise la règle suivante : à un taux d’environ 4%, un emprunt de 1.500 euros d’une durée de 7 ans génère des mensualités de 20 euros.

Ainsi, le solde d’EBE permet d’emprunter sur 7 ans un capital de :
Emprunt = (Solde EBE / 12 mois) x (1.500€ / 20€)
Emprunt = (23.900€ / 12) x (1.500 / 20)
Soit un capital emprunté de 149.375 euros.

Or ce capital emprunté, arrondi à 150.000 euros, correspond aux deux tiers du montant de l’opération. En conséquence, la transaction pourrait se faire, théoriquement, à un montant de :
Prix de vente = Emprunt / (2/3)
Prix de vente = Emprunt x (3/2)
Prix de vente = 150.000€ x 3/2 = 225.000 euros.

Précaution avec cette méthode d’évaluation

Cette méthode d’évaluation d’une entreprise à partir de son EBE part de deux hypothèses, et il est donc intéressant de définir une fourchette d’évaluation en fonction de ces deux hypothèses.

Dans notre exemple précédent, la rémunération attendue était faible, et ne permettait aucune sécurité pour le repreneur et donc pour sa banque.
De plus, la banque couvrait 66,66% de l’opération, ce qui suppose un apport personnel important. Ce taux de couverture pourrait aussi être estimé plus important, limitant ainsi le besoin d’apports du repreneur (et augmentant les possibilités économiques d’une reprise). Mais plus l’emprunt est important, plus la banque s’assurera que l’importance des revenus du repreneur constitueront une sécurité.

Reprenons donc notre exemple avec les hypothèses :

  • D’un revenu mensuel attendu de 2.600 euros par mois
  • D’un endettement de 75%

L’EBE restant après rémunération n’est plus alors que de : 45.000€ - (2.600€ x 12) soit 13.800€.

Le montant du capital emprunté est alors de = (Solde EBE / 12 mois) x (1500/20) soit 86.250€.

Le prix de vente s’élève dans ce cas à : Emprunt / 75% soit 115.000 euros.

En conclusion, en fonction des variables retenues, le prix de vente résultant de cette méthode d’évaluation d’une entreprise varie fortement. Le conseil est donc toujours le même : utiliser des fourchettes d’évaluation pour chaque méthode, et comparer les résultats obtenus avec les diverses méthodes d’évaluation présentées dans ce dossier.

EN CONCLUSION :

Pour évaluer son commerce, on peut aussi partir de l’endettement du repreneur pour racheter ce fonds, et donc de la capacité qu’offre l’entreprise à rembourser l’emprunt contracté par le repreneur.